Guillaume Millet en Conférence à Lavoûte le 05/03/2010
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L’ultra-marathon est-il dangereux ?

Conférence de Guillaume Millet à l’invitation de ‘Courir en Emblavez’

Cette conférence a été donnée devant une soixantaine de sportifs de la région. A noter la présence de Philippe Propage (sélectionneur de l’équipe de France de trail et 24h) et Stéphane Collard (membre de l’équipe de France de 24h).

Après avoir en guise d’introduction, expliqué que l’ultra-marathon existe depuis la fin du XIXème siècle où des courses de 6 jours indoor sur des pistes de 100 m étaient organisées, Guillaume Millet a commencé par présenter les arguments physiologiques permettant de répondre à la question ‘L’être humain est-il fait pour courir des ultra-marathons ?’. Ainsi, notre capacité à dissiper la chaleur, une morphologie adaptée à la course, ou encore notre aptitude à adapter notre la fourniture énergétique à l’effort fait de l’espèce humaine une espèce très endurante.

Cela étant, courir jusqu’à plusieurs centaines de kilomètres d’affilée n’est pas sans conséquence sur l’organisme. Le conférencier s’est donc attaché à évaluer ces conséquences d’une part à court terme (c’est-à-dire quelle fatigue en découle ?) et d’autre part à long terme (quels effets sur  la santé ?). Pour le premier aspect, il a notamment montré des résultats d’études scientifiques conduites à l’université et au CHU de Saint-Etienne et visant à étudier la fatigue extrême en laboratoire (24h sur tapis roulant) et sur le terrain (lors du Tour du Mont-blanc 2009) et les adaptations de la foulée à la course de très longue durée. Pour ce dernier point, il a montré des enregistrements biomécanique d’un coureur ayant relié Paris à Pékin en courant en 2008. G Millet a en outre présenté de façon décalée un modèle de régulation centrale de la fatigue basée sur l’image d’une chasse d’eau qui se remplit mais ne déborde jamais pour illustrer le fait que le cerveau nous protège contre nos propres excès.

En ce qui concerne les conséquences à long terme, s’il ne nie pas qu’une pratique déraisonnable (en quantité ou en masquant les signaux d’alarme de l’organisme) peut avoir des conséquences délétères sur l’organisme, il a surtout cherché à prendre le contre-pied de l’idée reçue selon laquelle on met en péril sa santé en pratiquant l’ultra-marathon. Ainsi peu de données objectives existent dans ce sens. En outre, des accidents peuvent survenir (accidents cardiovasculaires, insuffisance rénale, coup de chaleur, dépression défenses immunitaires,  chutes graves) mais ces risques sont assez peu nombreux, sont assez faciles à éviter avec un minimum de précautions et sont plus souvent liés au milieu dans lequel se déroulent les compétitions (montagne, désert) qu’à la discipline elle-même. En conclusion, il rappelait qu’il existe de multiples façons de pratiquer l’ultra-marathon (cela dépend en particulier du niveau  mais aussi de la « raison » du coureur) et qu’une préparation adéquate ainsi qu’une progressivité dans l’augmentation des distances devaient être de mise.

La conférence a été suivie d’un débat très riche de près d’une heure avec la salle puis d’un pot offert par ‘Courir en Emblavez’.

 


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