L’ultra-marathon est-il
dangereux ?
Conférence de Guillaume
Millet à l’invitation de ‘Courir en Emblavez’
Cette
conférence a été donnée devant une soixantaine de sportifs de la
région. A noter la présence de Philippe Propage (sélectionneur
de l’équipe de France de trail et 24h) et Stéphane Collard
(membre de l’équipe de France de 24h).
Après avoir en guise d’introduction,
expliqué que l’ultra-marathon existe depuis la fin du XIXème
siècle où des courses de 6 jours indoor sur des pistes de 100 m
étaient organisées, Guillaume Millet a commencé par présenter
les arguments physiologiques permettant de répondre à la
question ‘L’être humain est-il fait pour courir des
ultra-marathons ?’. Ainsi, notre capacité à dissiper la chaleur,
une morphologie adaptée à la course, ou encore notre aptitude à
adapter notre la fourniture énergétique à l’effort fait de
l’espèce humaine une espèce très endurante.
Cela étant, courir jusqu’à plusieurs
centaines de kilomètres d’affilée n’est pas sans conséquence sur
l’organisme. Le conférencier s’est donc attaché à évaluer ces
conséquences d’une part à court terme (c’est-à-dire quelle
fatigue en découle ?) et d’autre part à long terme (quels effets
sur la santé ?). Pour le premier aspect, il a notamment montré
des résultats d’études scientifiques conduites à l’université et
au CHU de Saint-Etienne et visant à étudier la fatigue extrême
en laboratoire (24h sur tapis roulant) et sur le terrain (lors
du Tour du Mont-blanc 2009) et les adaptations de la foulée à la
course de très longue durée. Pour ce dernier point, il a montré
des enregistrements biomécanique d’un coureur ayant relié Paris
à Pékin en courant en 2008. G Millet a en outre présenté de
façon décalée un modèle de régulation centrale de la fatigue
basée sur l’image d’une chasse d’eau qui se remplit mais ne
déborde jamais pour illustrer le fait que le cerveau nous
protège contre nos propres excès.

En ce qui concerne les conséquences à long
terme, s’il ne nie pas qu’une pratique déraisonnable (en
quantité ou en masquant les signaux d’alarme de l’organisme)
peut avoir des conséquences délétères sur l’organisme, il a
surtout cherché à prendre le contre-pied de l’idée reçue selon
laquelle on met en péril sa santé en pratiquant l’ultra-marathon.
Ainsi peu de données objectives existent dans ce sens. En outre,
des accidents peuvent survenir (accidents cardiovasculaires,
insuffisance rénale, coup de chaleur, dépression défenses
immunitaires, chutes graves) mais ces risques sont assez peu
nombreux, sont assez faciles à éviter avec un minimum de
précautions et sont plus souvent liés au milieu dans lequel se
déroulent les compétitions (montagne, désert) qu’à la discipline
elle-même. En conclusion, il rappelait qu’il existe de multiples
façons de pratiquer l’ultra-marathon (cela dépend en particulier
du niveau mais aussi de la « raison » du coureur) et qu’une
préparation adéquate ainsi qu’une progressivité dans
l’augmentation des distances devaient être de mise.
La conférence a été suivie d’un débat très
riche de près d’une heure avec la salle puis d’un pot offert par
‘Courir en Emblavez’.
