Jamel BALHI

Existe-t-il un monde où l’on ne parle pas de parachutes dorés de retraite à 1 million de d’euros l’an ? Oui, ce monde existe, Jamel Balhi l’a rencontré et nous l’a fait découvrir au travers un montage vidéo, d’une intensité exceptionnelle, qui a tenu en haleine, jusqu’au bout, le nombreux auditoire qui avait pris place à la salle polyvalente de Rosières, ce jeudi 23 avril.

Que faire de sa vie ?
Des vacances en corse avec un job d’été, l’achat d’une moto puissante avec l’argent gagné, une route sinueuse comme il en existe tant sur l’île et c’est le drame. Un corps sur la route renversé par une voiture, c’est le choc, un vol plané… Triple traumatisme, coma et de longs mois pour une révélation : Puiser dans sa volonté pour surmonter la souffrance, survivre et vivre une vie qui ne sera pas banale… Parcourir le monde... 

Le déclic...
Au pied de son immeuble dans la cité, un chinois de Shangaï, bagages à la main, attend un taxi pour gagner l’aéroport et retourner au pays.
« Si, un jour, vous passez par Shangaï, venez prendre le thé ! »

C’est parti…pour trois ans…
Porte de Charenton, vous regardez vers l’est, Strasbourg. Vous traversez le pont de l’Europe… et l’aventure commence. Devant vous, après de longues semaines de courses, la Turquie est là, le pays le plus hospitalier que Jamel n’ait jamais rencontré ; il le dira plusieurs fois… 

Le choc des civilisations … avec des images époustouflantes sur le moyen orient, l’Asie, la Chine, l’Amérique du nord, du sud… Le spectacle de la misère en Inde avec un cadavre qui jonche le sol au petit matin, l’opulence en Arabie avec un émir du pétrole qui conduit son fils à l’école dans une Rolls Royce. 

Jamel la tolérance…
Profondément croyant, il est d’obédience chrétienne, il a prié avec tous les croyants du monde, il ne juge pas, il témoigne, il a rencontré les pauvres, les riches, les violents… le pape. 

Vingt neuf minutes de bonheur…
Jean-Paul II, qui a reçu tous les grands de ce monde, va lui tenir la main pendant vingt neuf  minutes. 

Le langage pour entrer en relation avec l’autre…
Jamel parle Français, Anglais, Allemand, arabe certainement (il ne l’a pas dit) et surtout le langage du cœur qui s’exprime avec un sourire, des mains qui se tendent, une quête, celle de l'eau. Demander à boire permet d’engager le dialogue. 

Le rapport à l’argent…
Un budget de 27 000F (4116€) pour 3 ans, il table sur une dépense de 5€ par jour mais n’en dépense en fait, que 2 ou 3€.
"On est riche avec 3€ quand on sait que les gens que l’on rencontre gagnent moins d’ 1€ par jour (20$ par mois)" .

La manne du ciel…
Un émir lui offre 3000$ pour acheter un appareil photo argentique (et non numérique) avec plein de pellicules. Un grand de la restauration rapide, aux USA, lui offre 3 ou 4000$ pou avoir déclaré à une radio ou télé qu’il se nourrissait de burgers.

Au petit dèj, que prenez-vous ?…
Que diriez-vous d’une assiette de serpents grillés, de gros cafards (trois suffisent pour un repas), d’un plat de pâtes coiffé d’un beau rat, d’une tête de chien sur l’étal d’un boucher en Chine !...

La solitude ? Ça n'existe pas chante le poète. Jamel est d'accord. Elle accompagne sa liberté, elle est le témoin d'une vie intérieure profonde et intense, il la rompt à sa guise en entrant en contact avec ses semblables.

Où dormir ?
Chez l’habitant bien sûr, deux nuits sur trois, sinon l’endroit le plus calme dans le monde entier… le cimetière, une nécropole avec des crânes bien alignés au-dessus de sa tête…

L’exploit sportif…
Soixante à soixante dix kilomètres par jour, un cœur qui bat à trente deux pulsations minutes, une nourriture toute simple, celle des gens simples : des pâtes, des pommes de terre, du riz, sans compléments alimentaires.
Comment fait-il pour commettre un tel exploit ? Nous, pour préparer un marathon il nous faut plusieurs semaines et après plusieurs semaines de récupération. Jamel fait presque deux marathons par jour !... 

Ses Bagages…
Cinq kilos dont quatre d’équipement photographique, deux tee-shirt, un pantalon, pas de couteau, pas de gourde ! (sauf pour les déserts). 

Les mauvaises rencontres…
Oui bien sûr, une fois dépouillé de 60$, la fuite en se réfugiant dans une mosquée avec une prière de 20 minutes, la fuite en quittant la route au Pakistan poursuivi par des hommes en vélo et en armes, kalachnikov sur le guidon mais aussi, en défiant des yeux le chef d’une bande, la main sur la poche révolver, poche vide de révolver, bien sûr.

L’insolite…
Obtenir un visa en échange d’un livre de photos « de jolies mademoiselles », dégotté dans une alliance française en Arabie.

L’envie de se poser…
Katmandou, son plus long arrêt, la magie du Népal, les fumoirs ; sa drogue à lui ?...la course à pied ; et toujours le démon de la route qui le pousse à partir.

Jamel jette une pierre dans le jardin de notre monde matérialiste, dérange nos habitudes, nos certitudes ; deux hommes sur trois ont faim chaque jour dans le monde, la guerre, les conflits sont partout.

Jamel, la gentillesse, le sourire, l’humilité, la voix douce, ne s’est jamais départi de son humour en commentant les images choc d’un monde tourmenté.

Le Jamel d’aujourd’hui…
Marié, deux enfants, il a fait de sa passion son métier, il écrit des livres, fait des conférences pour connaissances du monde, des reportages pour les journaux... Cette semaine, il part à la découverte de Madagascar. 

Merci Jamel pour ta leçon d’humanisme, au plaisir de te revoir un jour. Son site
JB